En quoi votre startup est-elle concernée par l'enjeu du handicap ? 

J’ai eu l’idée de Streetco à la suite d’un accident personnel, je ne me suis pas retrouvé handicapé mais à mobilité réduite de façon temporaire. Cyril Koslowski, mon ami et maintenant associé a un proche en fauteuil roulant. En discutant avec lui on s’est rendu compte de deux choses : qu'il est extrêmement compliqué de se déplacer en ville lorsque l’on est en situation de handicap ou à mobilité réduite et qu'il n’existe rien pour permettre aux personnes à mobilité réduite et en situation de handicap d’identifier des itinéraires accessibles et adaptés à leur situation.

C’est sur ce constat que nous avons créé Streetco. Le projet est donc directement concerné par l’enjeu du handicap. Les personnes en situation de handicap sont nos utilisateurs mais ce sont également nos meilleurs experts. L’application est totalement co-construite en écoutant leur expérience, leurs attentes et leurs retours.

Que cherchez-vous à résoudre dans votre quotidien pour répondre à cet enjeu ?

Les personnes à mobilité réduite sortent de 2 à 6 fois moins que les personnes valides. Cela pose des gros problèmes d’isolement (social et professionnel). En 2018, ce n’est pas normal de refuser le droit à l’autonomie à autant de personnes (30 % de la population).

Notre mission est d’aider tous les piétons à pouvoir se déplacer dans les villes. Les aider à identifier des lieux qui leur sont accessibles et surtout leur proposer un itinéraire adapté pour pouvoir s’y rendre de façon sûre et confortable.

Streetco c’est aussi une communauté d’utilisateurs solidaires qui se retrouvent pour faire une bonne action. Nous organisons des balades urbaines pour pousser certaines personnes à sortir de chez elles et créer du lien social, le tout en réalisant une action utile pour tous.

Comment avez-vous abordé le handicap dans votre activité ?

Ayant expérimenté la perte de mobilité, j’avais eu un aperçu des problèmes d’accessibilité que l’on pouvait rencontrer. Cependant nous étions bien conscients que nous ne connaissions pas assez leur quotidien.

Nous avons fait ce qui était le plus logique à nos yeux : nous sommes allés rencontrer des personnes directement concernées et qui vivent avec le handicap au quotidien. À partir de là, nous avons posé des questions, écouté les réponses, les anecdotes, les petites astuces de chacun. Nous nous sommes également beaucoup renseigné de notre côté pour essayer de comprendre au mieux leurs attentes et comment y répondre.

Enfin, nous nous sommes rapprochés des associations, expertes sur le sujet pour les inclure dans le projet et entamer une démarche de co-construction.

Streetco, un projet pour les personnes à mobilité réduite par les personnes à mobilité réduite.

Est-ce que votre positionnement a joué un rôle dans la relation que vous avez pu nouer avec de grandes entreprises ? 

Complètement ! On n’en parle pas assez d’ailleurs ! Oui, il y a encore beaucoup de choses à améliorer en France sur l’accessibilité mais il faut aussi voir le dynamisme dont nous faisons preuve. Les grands groupes sont de plus en plus sensibles à ces sujets.

Nous pouvons citer notamment, Eram, Gaumont-Pathé, Oracle, SNCF, Brio’Gel, BPCE… Toutes ces entreprises nous ont énormément apporté. Elles ont aimé l’innovation Streetco mais plus particulièrement la mission sociale que nous portons.

Quel rôle les startups ont-elles à jouer pour faire bouger les lignes et porter des améliorations quotidiennes ?

À mon avis c’est sur elles qu’il faut compter en premier lieu. Bien sûr, la startup ne pourra y arriver seule. Elle a besoin d’être soutenue (associations, grands groupes, pouvoirs publics, médias) mais c’est celle qui est le plus à même de faire bouger les lignes.

Son dynamisme, sa capacité d’innovation et sa « souplesse » en font la structure idéale pour provoquer le changement. Ou au moins, montrer qu’il y a un problème et, proposer un début de solution.

Pensez-vous que votre activité puisse avoir des répercussions positives dans le cadre de l'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 ? Comment pensez-vous y prendre part ?

Complètement et c’est déjà prévu. En seulement 6 mois, Streetco c’est plus de 65 000 signalements dans plus de 8 200 villes en France et dans le monde. Il reste encore de nombreuses rues à cartographier mais quand on voit la vitesse à laquelle on avance, on sait qu’en 2024 Streetco sera disponible dans plusieurs pays et aura complètement la capacité d’être le GPS pour les déplacements des piétons dans le village olympique. En tout cas, c’est notre objectif.

Lire aussi sur le sujet :

[EnJeux Handicap] L'innovation au service du handicap

[EnJeux Handicap] Apa de géant : "Les innovations devraient accompagner la société et la faire grandir vers de bonnes directions"

[EnJeux Handicap] L'Arbradys : "Nous nous battons contre l’iniquité d’accès à la lecture aux publics dys"

[EnJeux Handicap] Gyrolift : "Ces Jeux Olympiques et Paralympiques doivent être sous le signe de l'inclusion"

En savoir plus sur EnJeux Handicap et s'inscrire à l'événement le 28 juin